TEMPLIERS 2015 : Un nouveau conte de fée !
TEMPLIERS 2015 : Un nouveau conte de fée !
La préparation :
Elle fut quasiment parfaite !
A la base ce n’était pas gagné : je croyais un peu présomptueux de pouvoir enchaîner 2 compétitions de plus de 60km avec 1 mois d’intervalle. Pour moi ce n’était pas raisonnable, car après les championnats de France, il faut compter une semaine de récupération, avant les templiers il faut compter une petite dizaine de jours pour arriver frais comme un gardon du coup ça ne me laissait que 2 petites semaines de travail, ce qui représente vraiment une mini préparation !
Mais on a qu’une seule vie, on est un peu barjot aussi, du coup je me suis dit on s’en fout, feu patate, et on verra comment tout ça peut passer, ça fera une expérience en plus !
D’ailleurs, ayant fait 2ème aux championnats de France alors que ma préparation n’était pas optimale, j’en retirais deux choses : ma saison sera tout de même réussie, et j’ai encore une marge de progression !
Donc entre les championnats de France et les templiers j’ai essayé d’en faire un maximum : j’ai pu participer au trail de mon club de Noyelles sous Lens, faire un 10km en 32’30’’, faire un trail à Banca et aussi les 15km de la Nive, le tout en continuant à m’entraîner à fond avec comme point final une sortie de 70km et 4000d+ 10 jours avant les templiers qui s’est passée parfaitement, sans blessure ni bobo !
Tous les voyants étaient aux vert, mon rythme cardiaque n’avait jamais été aussi bas (d’ailleurs impossible de savoir à combien j’étais car ma montre n’affiche pas les battements par minute lorsque l’on est en dessous de 30 bpm … ) , j’ai réussi à atteindre mon poids de forme de 79kg en mangeant énormément de salade et de soupe ( d’ailleurs j’en avais plein les fesses ! ), et je pense que je n’avais jamais été aussi en forme ! Toujours sans pépin physiques, ce qui est le plus important !
Autant dire que j’arrivais aux templiers en pleine confiance et que je ne le cachais pas, il faut savoir dire lorsque ça va moyen mais aussi dire lorsque tout va bien !
De plus ma petite femme m’accompagnait ce qui est toujours bon d’avoir la personne qui compte le plus auprès de soi !
Cerise sur le gâteau, cette année j’étais invité par l’organisation grâce à ma victoire de l’année dernière du coup au lieu de dormir à l’arrache dans la voiture nous étions logés dans un petit chalet à deux pas du départ, quelle chance j’ai !
Nous sommes donc partis vendredi soir sur Millau et nous sommes arrivés sur les coups de 23h30 à notre petit chalet.
Après une bonne petite nuit de sommeil, la matinée du samedi fut consacrée à une conférence de presse avec l’organisation et tous les athlètes « élites » de la course, suivie d’une présentation aux coureurs qui partaient faire un trail dans la foulée.
Ce fut l’occasion de retrouver les athlètes avec qui on avait fait les championnats du monde (et les France aussi ) tels Patrick Bringer, Sylvain Court, Nicolas Martin, Maude Gobert, Anne-Lise Rousset, … et aussi les coach qui prennent soin de nous Philippe Propage et Gilles Guichard.
Donc la matinée fut vraiment sympa, j’ai profité de ces instants car encore une fois je sais que je suis chanceux d’être là !
Il y a aussi un challenge à relever : cette année on doit gagner le titre par équipe ! Je pense qu’avec la sélection qu’on a, nous devrions remporter le titre mais faut tous qu’on assure pour l’équipe, c’est important !
L’après-midi mon frère Charly nous a rejoint (il est venu d'Aubenas spécialement pour la course !) et nous sommes allés manger dans un petit restaurant sympa.
A l’issue, j’ai retrouvé Benoit Holzerny le manager de Mizuno avec qui nous sommes allés voir Geoffroy Sarran et Séverine Holzerny courir l’après-midi et qui remportèrent leur course ! J’avais plus qu’à faire comme eux le dimanche, c’est facile ! lol
En fin d’après-midi un peu de repos, préparation des affaires :
-baskets Mizuno Mujin 2 qui en confort et solidité sont géniales
- cuissard court Mizuno
- T-shirt Mizuno technique avec un deuxième t-shirt qui colle au corps en-dessous pour ne pas attraper froid (finalement j’aurai du mettre plus … )
- Petite ceinture avec une gourde de 750ml d’eau/coca, les numéros de téléphone de l’organisation et 2 gels de clifbar
Au soir retour au même restaurant pour se casser le ventre ! Au menu quiche au roquefort, pâtes au roquefort et brownies au chocolat ainsi que quelques frites de l’assiette de ma chérie.
Ah oui, j’oubliai, entre temps nous sommes passés à Lidl pour acheter des pains aux raisins et quelle déception pour moi car il n’en restait plus qu’un ! snif ! Donc j’ai pris le dernier pain aux raisins puis j’ai acheté 2 pains aux fromages, ça fera l’affaire !
Après avoir bien dîner, direction le chalet pour aller au lit pas trop tard, avec ma chérie on se met un petit épisode de Narcos, une petite série sur Pablo Escobar bien sympa, et je dois m’endormir devant l’ordinateur vers un petit 22h00, j’ai vraiment été surpris de n’avoir aucun stress pour la course du lendemain, j’étais tellement en confiance que je me disais que tout allait bien se dérouler et que je n’avais rien à perdre .
Dimanche matin :
3h45 : réveil ! Encore une fois quelle chance d’être dans ce chalet, ça permet vraiment d’être dans la situation idéale pour effectuer les Templiers, un réveil au chaud, avec la télévision, c’est que du bonheur !
Mon frérot dormait à côté de nous, on se réveille doucement et j’attaque mon petit déjeuner, pains aux raisins, pain au fromage, que c’est bon ! J Le tout avec un grand bol de thé et c’est parti mon kiki ! Je m’habille léger, car ni pluie ni froid ne sont attendus; c’est vraiment des conditions idéales.
Je donne mon ravitaillement à mes deux supporters de choc, mélange eau coca en boisson, banane à chaque ravitaillement et 2 gels clifbar que je porte sur moi en cas de coup de mou et surtout pour manger entre le 3ème et 4ème ravitaillement car il y aura 2heures de course durant lesquelles je ne verrai pas mon équipe.
Il va être 5h00, le départ va être donné dans 15 minutes, il va être temps de descendre pour trottiner légèrement et faire un tout petit échauffement.
Cette année, ma tactique de course est bien sur carrément différente de l’année dernière : j’ai acquis plus d’expérience et surtout vu que je me sens mieux, je pars clairement pour la gagne. Maintenant, la course est très longue, il peut se passer pleins de choses imprévisibles, j’ai des adversaires redoutables, des étrangers que l’on connait peut et qui sont peut-être des monstres donc je vais tout donner ( comme d’habitude ) et puis on verra à la fin ce que ça donnera mais ce qui est sûr c’est qu’en début de course je compte bien rester dans les premiers, ce qui change avec l’année dernière où j’avais laissé partir les premiers pour les reprendre au fur et à mesure de la course.
J’ai aussi un statut de favori, l’honneur de porter le dossard numéro 1 (ça c’est un truc génial aussi, porter le numéro 1 aux templiers c’est un honneur !) donc on va faire honneur à tout ça et assumer ce rôle de favori !
05h10 : je me place sur la ligne de départ, on retrouve tous les favoris devant, ainsi que des têtes que je connais moins, vivement le départ, qu’on lâche les fauves dans l’arène et qu’on puisse s’expliquer !
Je donne mes dernières affaires à ma team de choc, derniers bisous à ma chérie et mon frèrot, dernier coucou à Benoit Holzerny, on est chaud comme la braise !
05h15 : le départ est donné ! Enfin, c’est parti mon kiki ! Quelle ambiance, quel spectacle, c’est vraiment grandiose ce départ des templiers, ça donne toujours autant de frissons, qu’est-ce que c’est bon !
Tout de suite ça part moins vite que l’année dernière, nous étions à un bon 15 km/h alors que l’année dernière c’était 16 km/h.
Tant mieux, ça permet de bien finir l’échauffement ! Cette fois-ci je me tiens aux avant-postes, pas question de laisser filer quelqu’un sans savoir qui c'est !
Au bout de 3km arrive la première montée qui va permettre d’étirer tout le peloton car nous sommes encore un gros paquet !
Ca monte donc à un rythme sympa, pas trop vite encore, je suis vraiment surpris que personne n’essaie de prendre la poudre d’escampette, on retrouve devant Patrick et Nico qui sont de bons grimpeurs et pour ma part je reste légèrement en retrait, en 10/15ème position, je ne veux pas me mettre dans le rouge dans des portions qui ne me conviennent pas particulièrement. Par contre je garde toujours en ligne de mire la tête de course.
La montée se passe bien, et nous arrivons au sommet de cette première difficulté encore très nombreux ! Nous devons être une trentaine, nous sommes beaucoup trop, le rythme est vraiment très léger en ce début de course. J’ai l’impression que personne n’ose prendre la course à son compte, on se regarde pas mal et on court par à coups, je pense que le fait qu’il fait encore nuit en refroidit plus d’un ce qui est normal !
KM6 au KM 18 : nous sommes sur un plateau et nous courons toujours par à coups, ça accélère, on commence à perdre des coureurs, puis ça ralentit, du coup tout le monde rentre, Nico Martin, Sylvain Court, Manu Gault, moi-même prenons la tête de temps en temps mais sans trop appuyer sur le champignon. D’ailleurs à plusieurs reprises j’avais envie d’accélérer comme il se doit pour faire un tri du peloton mais je me retenais me disant qu’il était encore très tôt, que la course allait être longue et qu’il fallait attendre que le jour se lève pour voir où les choses en seront. Je prenais donc mon mal en patience mais à plusieurs reprises j’avais réellement envie d’envoyer du pâté ! ;)
KM 18 : on attaque la descente en direction du premier ravitaillement, Nico est en tête suivit de Sylvain, de moi-même et Patrick juste derrière. Il y a aussi d’autres concurrents mais je me retourne pas et je ne sais pas qui il y a d’autre, le rythme en descente est très bon, je pense qu’on risque de perdre quelques concurrents qui ne sont pas à l’aise dans cette descente car on ne traîne pas ! Tout se passe toujours bien pour ma part, je me prépare à arriver au premier ravitaillement ou mon équipe de choc m’attend, il ne va pas falloir perdre une seconde !
KM 23 : ravitaillement de Peyrelau après 1h40 de course environ, ma team est là, bien présente, changement de bidon express eau/coca par Nath, Charly me donne ma banane, je lui laisse ma frontale car le jour se lève et c’est reparti mon kiki ! On ne peut pas faire plus vite je pense !
KM 23 à 25 : 2ème ascension de la journée : à l’issue du ravitaillement je me retrouve en tête en compagnie de Nico, derrière il y a Sylvain, Patrick et Tofol l’espagnol qui sont à 15 petites secondes.
Avec Niko on attaque donc l’ascension en imprégnant un bon rythme, on verra si on arrive à creuser un écart ou pas ! C’est Nico qui prend les devants, il est meilleur que moi donc je laisse faire, et je m’accroche ! On monte donc rapidement, tout passe très vite mais derrière ça ne lâche pas, l’écart ne grandit ni ne faiblit, ça va être difficile de faire le trou et de s’échapper à deux, mais on ne lâche pas et on continue !
KM 25 : on arrive au sommet de cette deuxième difficulté, on attaque une partie roulante qui me convient mieux et je prends les devants en espérant creuser un écart, nous devons avoir une vingtaine de secondes d’avance, c’est toujours ça de pris ! On discute vite fait avec Nico et on continue notre bonhomme de chemin, peut-être que l’échappée du jour prend forme, c’est ce que j’espère et Nico aussi je pense !
KM 29 : on attaque une petite descente un peu technique, nous levons légèrement le pied pour ne pas prendre de risques inconsidérés, et bien sur qui on voit débouler à cent à l’heure derrière nous ? Nos poursuivants ! Avec Sylvain qui descend énorme, ils ont bouché le trou très rapidement ! Ce n’est pas grave, ce ne sera que partie remise et ça nous aura permis d’effectuer cette petite descente tranquillement sans puiser dans les réserves.
KM 30 : Nous sommes donc à nouveau regroupés à 6 ou 7 coureurs et nous attaquons une petite montée à travers un petit layon sympathique, je prends ma première gamelle de la journée en ne levant pas assez mes pieds, Patrick en prend une aussi juste devant moi ( j’apprendrai par la suite que son abandon était dû à cette chute … ) le rythme est bon, on peut difficilement aller plus vite sur cette partie. Je me sens encore très frais, je suis avec la tête de course, pour l’instant c’est parfait ! Mais à ce moment c’est encore impossible de dire qui est le plus fort et aussi impossible de prévoir qui sera sur le podium ! Personne ne se découvre (ou alors tout le monde est à fond et je me rends pas compte de ça, mais cela m’étonnerait !) donc le suspens est total !
KM 33 : j’arrive en tête au deuxième ravitaillement, comme je n’étais pas sûr que ma femme soit sur ce ravitaillement j’ai voulu prendre un peu d’avance pour arriver en premier et avoir le temps de faire le plein de mon bidon sur une table au cas où mon équipe ne serait pas là !
Mais quelle surprise de voir aux côtés de ma femme mon frère Antoine, Pachy et François venus tout droit du pays basque me faire la surprise de venir me supporter pour les Templiers ! C’est énorme ! Ils sont partis à 2h00 du matin car Pachy travaillait, ils ont roulé toute la nuit pour arriver au petit matin au deuxième ravitaillement de la course ! J’hallucine complet !!! Ils sont vraiment débiles de faire ça pour moi ! Mais qu’est-ce que ça me touche, j’ai une chance inouïe ! Le seul bémol est que mon autre frérot Charly a été bloqué par un vigile débile qui n’a rien compris aux ordres et qui n’a pas voulu laisser passer la voiture malgré le passe qu’on avait … du coup Charly a loupé les ravitaillements 2 et 3 …
Revenons à la course, j’hallucine donc encore lorsque je vois cette brochette de basques, ça me rebooste encore plus à l’idée qu’il faut que je fasse quelque chose de grand aujourd’hui ! Ravitaillement express et en sortant du ravitaillement, alors que j’entends hurler des « allez Benoit !!!! » je me retrouve avec Tofol, les autres sont juste derrière, à quelques mètres, le tournant de la course va avoir lieu ! ;)
KM 34 : mise en route de kit noose ! lol (le vrai kit noose pachcalou, pas les prouts prouts prouts !!! ;) )
Je ne sais pas pourquoi, mais c’est à ce moment que je me suis dit c’est parti mon kiki, ça fait maintenant 3h00 de course, on arrive à mi-course et si tu veux montrer que t’es fort c’est maintenant qu’il faut tenter le coup ! Le terrain est propice à mes qualités de vitesse, je décide donc de lâcher les chevaux et d’accélérer franchement pour partir seul ! Je ne voulais que personne ne me suive pour courir à mon rythme et pas à celui d’un autre ! Je me savais en forme, et je voulais prendre le risque de partir seul pour effectuer une course différente de ce que j’ai l’habitude de faire.
KM 34 à 38 : à fond ! C’est simple, je vais le plus vite possible pour ne laisser aucune chance à mes adversaires ! Descentes à fond, remontées à fond, mais je me sens bien, donc c’est un plaisir de se donner ! La seule chose chiante c’est que je ne sais pas si je creuse un gros écart ou pas, donc je ne me ménage pas et j’envoie du pâté ! Peut-être que c’est une connerie et que je le paierai par la suite, mais j’ai envie de jouer et de tenter le coup, être en tête des templiers avec le dossard numéro 1 sur soi, c’est vraiment génial quand même !
KM 39 : J’attaque la descente direction la roque sainte marguerite, encore une fois je vais à fond, je prends des risques mais je sais que c’est à l’issue de cette descente que j’aurai une idée des écarts que j’aurai réussis à creuser, étant donné que je veux marquer mon territoire et montrer que je suis costaud, et bien il faut pas s’économiser maintenant ! Et tout le temps pris me permettra peut-être de gérer un coup de moins bien qui peut arriver à tout moment, car j’y pense aussi à ça ! (Si je gagne l’année dernière c’est grâce au coup de moins bien de l’Américain sinon je ne sais pas si j’aurais réussi à le rattraper !).
KM 44 : je passe le pont de la roque sainte marguerite, je ne m’arrête pas faire le plein d’eau, je sais qu’il me reste une grosse montée puis après il y aura le ravitaillement. Il y a pas mal de personnes au village qui m’encouragent, ça fait chaud au cœur et ça motive encore plus à se surpasser, les sensations sont encore très bonnes, Benoit Holzerny et Severine sont là pour m’encourager, ça revigore grave !
Mais la grosse question que je me pose à ce moment c’est quels sont les écarts ? J’ai vraiment voulu accélérer et il me tarde d’avoir un chiffre qui j’espère sera de plusieurs minutes ! Puis pendant la montée on m’annonce 2’ minutes d’avance ! C’est génial ! Je n’aurais pas cru prendre autant de temps d’avance mais que c’est bon d’entendre ça et de savoir que les efforts paient !
J’attaque donc la monté en pleine confiance, les sensations sont toujours très bonnes et je lève légèrement le pied, j’ai acquis une bonne avance, maintenant il faut gérer et ne pas s’enflammer non plus, il doit rester 3 bonnes heures de course, il peut se passer pleins pleins pleins de choses d’ici là ! Mon objectif est de bonnifier ces 2 minutes d’avance lorsque j’arriverai au dernier ravitaillement au Cade. La route est encore longue, très longue mais faut bien se fixer des objectifs pour se motiver !
KM 44 à 46 : Montée sur Pierrefiche, 3ème ravitaillement : tout se passe bien, les sensations sont toujours bonnes, je gère la fougère, et il me tarde d’arriver sur Pierrefiche voir ma team de compétition me ravitailler. Tout au long de la montée je me ressassais la course de l’année dernière, pas mal de souvenirs me revenaient, et c’était génial ! Je me disais tiens l’année dernière j’étais avec 3 mecs et à cet endroit je marchais car ça allait trop vite alors que cette année je cours et je me sens bien ! Trop bien ! lol
KM 47 : Ravitaillement de Pierrefiche, pleins de monde, pleins d’encouragements, c’est encore des moments comme ça qu’on aime ! Je cherche ma team qui est bien sur présente et prête à effectuer un ravitaillement en un temps record, ça traîne toujours pas que c’est bon ! Je me rappelle que l’année dernière c’est à cet endroit que j’avais aperçu le 2ème de la course Sylvain Court.
On me confirme mes 5 minutes d’avance, c’est génial, faut vraiment que j’assure car on arrive au trois quart de la course et c’est maintenant qu’il ne faut pas lâcher !
KM48 à 50 : on attaque une montée assez courte mais abrupte, tout se passe toujours bien, je sais que mon rythme est bon et qu’à cette allure si je ne gagne pas de temps je n’en perdrai pas beaucoup non plus. Je pense toujours à bien boire, pas de douleurs particulières, tout se passe comme dans un conte de fée, pourvu que ça dure !
KM 50 à 55 : longue descente, très longue descente même ! Je décide d’appuyer un peu sur l’accélérateur dans cette descente, si je peux grignoter à nouveau quelques secondes ce serait bien, donc j’essaie d’envoyer, je prends quelques risques, je veux à tout prix continuer à conserver ce matelas si confortable de 5 minutes d’avance !
Tout roule, les cuisses commencent à chauffer mais au bout d’un peu plus de 5h00 de course ce doit être normal ! lol J’aime ces descentes car elles sont rapides et pas trop techniques, ce qui fait qu’on a vraiment de bonnes sensations de vitesse, c’est agréable !
A la fin de la descente, c’est reparti pour un joli coup de cul !
KM 55 à 60 : ça monte, ça monte ! Mais encore une fois la montée n’est pas trop raide, j’ai toujours du jus, je sais que mon rythme est toujours bon et qu’il faut garder le cap, vivement que j’arrive à Massebiau pour refaire le plein d’eau et ravoir une idée sur les écarts avec mes poursuivants.
Mais c’est à ce moment que le course ne deviendra pas parfaite pour moi : je sais que je commence à attraper froid, de petites crampes d’estomac arrivent, punaise ce n’est pas possible ! J’en ai vraiment plein les fesses d’être si sensible au froid ! Mon estomac commence à faire des siennes et je commence à me poser quelques questions mais la douleur reste largement raisonnable, il faut juste que ça n’empire pas.
De plus j’ai testé une nouvelle chose : ça faisait déjà un moment que j’avais envie d’uriner et je me retenais depuis un moment mais à la fin, il fallais vraiment que je fasse pipi ! Je pensais aux cyclistes du tour de France qui pissent sans s’arrêter, j’ai donc essayé de faire pipi en courant ! Autant dire que ce ne fut pas concluant ! lol J’ai pas réussi ! Si je n’y arrive pas en courant, j’essaie en marchant ! Ce fut un peu mieux à part qu’autant dire que je m’en suis mis partout ! lol Mais mission accomplie et heureusement que personne ne m’a vu, j’aurai pas l’air bête !
KM 60 : c’est parti pour 3 km de descente, encore une fois je ne me ménage pas et essaie d’aller assez vite, je sais qu’en théorie sur ce genre de descente on pourra difficilement me reprendre du temps, on s’approche de plus en plus de la fin de course, chaque passage devient important et faut aussi que j’envoie un message à mes poursuivants : vous ne me rattraperez pas ! Enfin je l’espère ! ;)
J’espère toujours avoir ce matelas de 5 minutes d’avance au Cade synonyme d’un grand pas vers la victoire alors go go go ! ! ! On continue de tout donner !!!
KM 63 : Massebiau, ravitaillement en eau seulement, il était temps car j’étais à sec, même si je n’avais pas particulièrement soif, je n’aime pas être à sec ! Je m’arrête donc remplir, il y a pas mal de monde pour m’encourager, ça fait toujours autant chaud au cœur, plus que 2 montées et 2 descentes et j’en aurai fini ! Espérons que je garde ma place !
A Massebiau on m’annonce 5’40’’ d’avance, qu’est-ce que c’est bon !!! J’en profite donc pendant la première partie de la montée à bien me ravitailler, je prends 2/3 minutes pour bien boire et bien manger, il faut absolument que je gère bien la fin du parcours, si je ne déconne pas, il n’y a pas de raison que l’on me rattrape, plus de 5 minutes d’avance alors qu’il reste une petite heure et demie de course, avec le niveau que l’on a c’est assez difficile à combler si je n’ai pas de défaillance.
La montée se passe assez bien même si je sens à ce moment un peu de fatigue, mon rythme est bon mais sans plus, et surtout les crampes d’estomac deviennent de plus en plus fréquentes, c’est vraiment chiant ! Ma défaillance pourrait venir de ce coup de froid … punaise ce n’est pas possible, pourquoi ne suis-je pas parti plus couvert !!! Chiotte de chiotte !!! Enfin on continue d’avancer, ce n’est pas le moment d’avoir des pensées négatives, on continue quoiqu’il arrive ! Vivement le dernier ravitaillement du Cade que je puisse revoir mes supporters, boire du coca et manger ma banane !
KM 67 : ravitaillement du Cade, j’arrive en faisant un peu la tronche car j’ai vraiment mal au bide, je ne dis rien à mes supporters, je veux garder ça pour moi, en tout cas eux sont heureux de me voir en tête et avec un peu d’avance, je vois leurs sourires et qu’est-ce que ça fait plaisir ! Je bois donc quelques gorgée de coca, change de bidon pour un plein, mange ma banane et repars aussi sec !
KM 68 : Début de l’épandage … ce qui devait arriver arriva, ça devient une sale habitude mais c’est mon fardeau, tout ne peut pas être parfait c’est impossible ! Je mets donc le clignotant sur le côté et sans rentrer dans les détails première pause caca … en deux kilomètres j’ai fait 4 pauses, pfffff voilà comment se gâcher la course, j’ai dû perdre du temps aussi, aie aie aie, j’espère que pour le reste de la course ça va aller ! En tout cas ça m’a fait du bien et je peux attaquer la descente un peu plus sereinement, sans crampes d’estomac, ouf ! Sur ce coup j’ai dû perdre un peu de temps mais bon, on va continuer d’avancer, maintenant plus de questions à se poser, faut tout donner jusque la fin pour ne rien regretter !
KM 69 : Avant dernière descente, j’essaie d’aller le plus vite possible, je me souviens que l’année dernière c’était à ce moment que j’étais revenu sur l’Américain et que j’étais passé en tête, que de bons souvenirs ! Et aujourd’hui c’est moi qui suis en tête et chassé par d’autres ! Les rôles s’inversent !
J’attaque la dernière montée, je ne sais pas l’avance que j’ai, c’est vraiment stressant, en plus je ne sais pas qui est derrière moi, si c’est Sylvain faut vraiment que je me méfie lors de la dernière descente, je sens que la fatigue est présente, les relances se font plus difficiles, je touche au but mais ce n’est pas encore fini !
Et là alors que la montée se termine bientôt, il y avait énormément de spectateurs sur les hauteurs avec une ambiance de folie ! C’était génial, je me serais cru encore une fois au tour de France, en plus tous ces encouragements rien que pour moi c’est énorme ! Quel plaisir encore une fois ! Merci à tous !
Derrière moi j’ai l’impression que ça ne revient pas, quel bonheur ! Il ne me restera plus qu’à assurer la descente et en théorie ça sent bon, même très très très bon !!!
KM 71 : Je passe au sommet, derrière personne, l’écart doit être encore conséquent, je savoure grave ! La descente va être un pur plaisir, sans grosse prise de risques, ce serait vraiment trop bête de se blesser ou de se perdre maintenant, il n’y a plus qu’à assurer et surtout à savourer les moments qui vont arriver !
KM 74 : j’ai encore trop mal au bide, je vais me faire dessus ! J’essaie de trouver un endroit tranquille mais il y a du monde partout, impossible de faire une nouvelle pause épandage !!! Et bien il n’y a plus qu’à serrer les fesses jusqu’à l’arrivée maintenant !
KM 76 : Le Graal !!!! Je vois l’arrivée, personne derrière, je peux prendre mon temps et vraiment savourer, je veux encore plus prendre mon temps d’ailleurs car l’année dernière j’ai l’impression que c’est passé trop vite, j’entends le speaker, la musique se mettre en route, quel bonheur de se retrouver là !!! Je marche en profitant de chaque instant, je tape dans les mains des enfants, je vois des tas et des tas de sourires, qu’est-ce que c’est bon ! J’aperçois le drapeau du pays basque assez vite ou se trouve donc mon équipe de choc, c’est le must ! J’approche de la ligne d’arrivée, je saute dans les bras de ma femme, de mes frères et amis, on me tend une bière et je la bois avec grand plaisir cul sec ! Je vois pleins de femmes en rose avec un grand sourire, j’ai presque pas envie de passer la ligne pour que ces moments continuent ! Bon il faut quand même y aller et je passe donc la ligne en vainqueur, franchement dans mes rêves les plus fous je n’aurais jamais espéré gagner 2 fois les templiers, j’ai découvert cette course l’année dernière en ayant un dossard un peu à l’arrache et deux ans après je suis double vainqueur de cette fabuleuse épreuve, c’est extraordinaire !
Nico arrive en deuxième position, il a été très costaud, grosse course de sa part, c’est vraiment prometteur pour la suite s’il continue à progresser comme ça ! En 3 et 4 il y a les deux espagnols, j’apprends par la suite que Patrick a abandonné et que Sylvain a un peu craqué, punaise faut qu’on gagne par équipe aussi ! Reste Manu Gault mais j’ai aucune idée de la course qu’il fait et il terminera à une superbe 7ème place, ce qui nous assure la victoire par équipe, c’est la cerise sur le gâteau !
Sylvain fera 10ème, d’ailleurs je lui tire vraiment mon chapeau car il aurait pu abandonner 1000 fois, avec le palmarès qu’il a et la saison qu’il a faite pourquoi continuer la course si il n’est pas dans un bon jour ? Et malgré ça il a tenu à terminer, c’est vraiment l’esprit trail et la mentalité d’un grand champion comme on les aime, chapeau donc à lui !
La remise des prix se fait assez rapidement, je fais une tête de plus qui nico et tofol, c’est marrant ! D’ailleurs, je n’aurai pas cru qu’un gabarit comme le miens puisse jouer les premiers rôles, je suis à 80 kg pour 1m87, je ne suis pas un poids plume et malgré ça j’arrive à être devant, comme quoi tout est possible ! lol
Comme l’année dernière contrôle anti-dopage, au début ça me fait un peu râler car je veux retrouver mes frères et amis et boire des coups avec eux mais si je suis contrôlé c’est que j’ai fait une bonne place donc je veux bien être contrôlé à toutes les courses ! ;)
Entre temps je me suis encore vidé, ce mal de bide, pffff quelle galère ! Le contrôle se passe bien, le médecin est super sympa et ma femme est là pour me tenir compagnie aussi.
Une fois le pipi fait, direction la buvette !!!! Enfin !!!! Avec mon frérot Antoine et ses potes j’ai à peine le temps d’arriver que j’ai déjà la bière à la main ! Que ça fait plaisir de trinquer !
Mon équipe est chaude comme la braise, ils font déjà fumer la buvette, ils ont les yeux qui pétillent, c’est excellent !
Donc opération réhydratation, j’en bois des bières, il y a Gillou qui passe, nico, patrick, philippe, puis il est temps de retourner sur le podium pour la remise des prix par équipe ! J’ai un coup dans le nez mais faut que j’ai l’air net ! On remporte un joli plateau, c’est super, quelques interviews et quelques photos, et je retourne voir ma team pour aller manger car boire ça va un moment mais il faut manger aussi !
On passe un bon moment tous ensemble, c’est vraiment agréable, puis l’heure est venue de retourner à la voiture, on a tous beaucoup de route pour rentrer à la maison.
J’attaque bien sur mes pépitos, cookies, M/Ms, je me casse le ventre à tel point que je me rends un peu malade !
J’ai toujours beaucoup de personnes à remercier mais la principale reste ma femme qui doit subir mes entrainements et mes courses une bonne partie de l’année et donc s’occuper également des enfants lorsque je ne suis pas là, car en plus de l’entrainement j’ai aussi le boulot qui m’éloigne régulièrement de la maison.
Pour répondre à plusieurs questions que les gens se posent sur moi voici quelques renseignements :
J’ai un travail à plein temps, je suis militaire et je ne suis pas détaché pour faire du sport, mes séances je les fais le matin, entre midi et deux et le soir puis bien sur le week-end.
Je ne suis pas Basque, ni Ch’ti, mais Français ! Je suis né en Bourgogne, j’ai vécu jusqu’à mes 17 ans dans le Pas de Calais à Noyelles-sous-Lens, et depuis mes 17 ans je vis au Pays Basque. La majeure partie de ma famille est Ch’ti, j’ai une partie de moi Ch’ti comme j’ai une partie de moi Basque même si je ne le suis pas à cent pour cent !
Merci à mita, qui garde les enfants, surtout ce week-end des templiers et le reste de l’année !
Merci à Ludo Dédé, Aurélie pour encore une fois la garde des enfants, c’est vraiment important !
Merci aux frérots Antoine et Charly qui étaient présents et aussi au frérot Maxime qui n’a pu venir mais qui aurait rêvé d’être là, je le sais !
Merci aux potes présents Pachy et François ainsi que ceux qui n’ont pu venir comme Mattin !
Merci aux potes qui me suivent et qui sont derrière l’ordinateur comme Enaut, Eric, Guillaume, Pampi
Merci à tous les autres amis que je ne peux nommer sinon j’y serai encore !
Merci à la famille pour le soutient, Maman, les soeurettes Mélanie et Paula, le cousin Ludo, Marraine Patricia, et tous les autres cousins et cousines !!!
Merci aux collègues du boulot qui supportent ma fatigue et mes entrainements et qui me soutiennent à fond
Merci au Running Club Noyellois, vivement que l’on se retrouve !
Merci aux bénévoles et organisateurs de cette magnifique épreuve, sans vous nous ne pourrions jamais vivre des moments aussi fous que ceux que je viens de vivre, merci encore à tous.
Merci à tous pour vos messages de soutien et d’encouragements, merci à toi l’ami que je ne connais pas et qui m’a offert la bière avant que je passe la ligne d’arrivée, n’hésite pas à venir me voir si on doit se recroiser, je t’en dois une ! ;)
Pour finir, un grand merci à mes deux partenaires principaux qui sont Mizuno ( Benoit Holzerny particulièrement ) et Endurance Shop Pays Basque ( Julien Grelot particulièrement ) et qui grâce à leurs produits et soutien me permettent de pouvoir m’entraîner dans des conditions optimales.
Maintenant ça va être une semaine de récupération où on va profiter comme il se doit de la vie en faisant une grosse fête à la maison samedi soir, puis on attaquera la préparation pour la Saintélyon tranquillement. Si je pouvais assurer à la Saintélyon comme j’ai assuré aux Templiers ce serait gigantesque !